The Euro-Mediterranean Institute for Inter-Civilization Dialog (EMID) proposes to promote cultural and religious dialogue between Mediterranean civilisations ; to establish a network of specialists in inter-Mediterranean dialogue ; to encourage Euro-Mediterranean creativity ; to encourage exchange between Mediterranean societies ; to work to achieve Mediterranean conviviality ; to advise charitable organisations working around the Mediterranean and provide the support necessary to achieve their original projects.
BRIBES PHILOSOPHIQUES : LE PSYCHISME CORPOREL


Une thèse provisoire pour tenter de traiter de la question : « Qu’est-ce que l’inconscient ? » – On le situe volontiers sous la conscience, derrière elle, dans ses coulisses, exerçant sur elle ses censures, la maintenant sous le régime de ses inhibitions alors qu’on est loin de s’entendre sur la question de savoir : « Qu’est-ce que la conscience ? » On place la démonerie qui se joue entre ces deux notions dans le cerveau et attend des recherches sur lui de nous éclairer sur l’interaction entre eux, quoiqu’on ne sache dire dans quelle mesure ils recouvrent des réalités ou des fictions. La ‘conscience’ serait de ces notions fétiches qui servent les penseurs pour articuler leurs discours sur la connaissance, l’‘inconscient’ une notion corrective pour pallier les carences/lacunes/limites de la conscience. Les attentes de la recherche sur le cerveau s’inscrivent dans un emballement scientiste somme toute hasardeux. On ne sait ce qu’on recherche, on en attend tout. Le cerveau n’est visiblement qu’une station d’aiguillage par laquelle tout ( ?) passerait et où – peut-être – tout laisserait sa marque. Or ce n’est pas d’une machine enregistreuse qu’on déduirait la nature des tractations et encore moins leurs ressorts.
L’intelligence – entendue au sens large ( ?) de capacité de comprendre – est plus générale que celle de conscience. Plus diffuse, elle ne réclame pas sa localisation dans le cerveau autant que sa médiatisation ( ?) par lui. Elle se prête plus volontiers que la notion de conscience à sa dispersion dans l’ensemble de l’organisme corps, des divers sens aux multiples organes, conformément à leurs rôles, leurs prédispositions et leurs conditionnements. L’intelligence serait, selon toute vraisemblance, à la convergence des sens, du cœur, des entrailles, de parties génitales et de tout le reste. Elle serait organique/corporelle avant d’être cérébrale, s’enracine dans la mémoire, terme aussi imprécis que les précédents, et s’informe auprès d’elle. Sous l’ascendant de l’intellectualisme, on a réduit l’intelligence à sa dimension intellectuelle et occulté sa dispersion organique. Quand je dis : « Je veux », c’est l’organisme corps qui veut ; quand je dis : « Je souhaite », c’est lui qui souhaite ; quand je dis : « Je prie », c’est lui qui prie. Même l’écriture serait organique, quasi gestuelle, et le cerveau suivrait, dans cette activité comme dans toute autre, plus qu’il ne précéderait. La mémoire aussi serait dispersée dans l’organisme corps plutôt que concentrée dans une faculté somme toute inconnue. Quoi qu’il en soit, quels que soient les indices de plausibilité de cette thèse, l’intelligence de l’organisme corps serait première, celle de l’esprit ( ?) seconde et c’est dans le cerveau que se produit peut-être la synthèse consciente par-ci, inconsciente par-là entre elles. Je ne sais, au niveau actuel des recherches, me prononcer davantage sur le rôle du cerveau dans l’exercice de l’intelligence.
La préséance communément admise de l’esprit sur le corps entretient un sourd malentendu qui court la philosophie et les sciences humaines et sociales qui en sont dérivées. On ne comprend rien à la virtuosité mathématique, musicale, poétique, pour ne pas parler de la virtuosité dans la danse, si l’on persiste à la chercher dans l’esprit. Plus radicalement : c’est parce que le désir participe de l’instinct animal, résolument incrusté dans l’organisme corps qu’il est aussi impérieux et qu’on tend à le rabattre dans une sphère intime sur laquelle on préfère se taire. Plus généralement : c’est parce que le corps vieillit que le cerveau s’étiole et non le contraire. Pour incongrue qu’elle paraisse, cette thèse n’en est pas moins plausible, davantage que ce que les thèses qui posent la préséance du psychique sur le physique. Les sciences humaines et sociales évoluent toujours dans un paradigme présumant de cette préséance – à l’exception notoire d’un Pierre Bourdieu. En la récusant, posant la primauté et l’irréductibilité de la dimension organique corporel, on serait en droit de considérer l’inconscient comme une protestation de ce que l’organisme peut contre ce qu’il veut/désire ou contre ce qu’on (les collectivités) veut/désire pour lui : l’inconscient (para-intelligence ?) serait une création théorique provenant d’une distinction erronée psyché/corps, de l’extraction à un degré ou l’autre du psychisme de l’organisme, de la préséance du psychisme sur l’organisme… d’un traitement spirituel/intellectuel de la question psycho-physique qui perdure depuis deux mille ans. On ne débat autant avec soi que parce qu’on ignore les dessous organiques/corporels de ce qui émane du corps comme psyché. Cette thèse aurait pour elle de tenter de sortir ce que l’on entend communément par psychologie du paradigme qui postule des facultés psychiques non-organiques.