The Euro-Mediterranean Institute for Inter-Civilization Dialog (EMID) proposes to promote cultural and religious dialogue between Mediterranean civilisations ; to establish a network of specialists in inter-Mediterranean dialogue ; to encourage Euro-Mediterranean creativity ; to encourage exchange between Mediterranean societies ; to work to achieve Mediterranean conviviality ; to advise charitable organisations working around the Mediterranean and provide the support necessary to achieve their original projects.
DANS LE SILLAGE DE POPPER : LA VERISIMILITUDE DE LA SCIENCE


Dans ses tentatives successives de préciser la méthodologie des sciences, Popper ne s’entend, en définitive, qu’à un idéalisme méthodologique élaborant ses théories à partir des contenus de conscience du chercheur comme autant de brouillons. La science, produit quasi naturel de l’humain, n’est objective qu’autant qu’elle déborde le chercheur particulier et s’étend à l’ensemble de sa communauté de chercheurs. Les théories ne sont pas découvertes mais construites, voire concoctées/sécrétées par les hommes comme les nids par les oiseaux et les toiles par les araignées. On procède par tâtonnements, par corrections, par éliminations et par sélections pour parvenir à une compréhension toute de conjectures qu’on soumet à des tests après avoir posé des critères réfutatoires ou du moins dans un esprit de réfutation plutôt que de confirmation. Les théories changent jusqu’à nos croyances, nos dispositions et nos attentes, contribuant même à « l’émergence de nouvelles valeurs biologiques » (K. Popper, « Une Epistémologie sans sujet connaissant », dans « La Connaissance objective », Aubier, 1991, p. 231).
Le chercheur ne pose pas un problème sans le situer – sans reconstituer son contexte – dans les arts autant que dans les sciences. Cette analyse situationnelle, incontournable, présente le mérite de restituer et d'intégrer à la connaissance scientifique son irréductible dimension herméneutique. Il n'est pas plus de théories pures que de données pures : « Les prétendues “données” sont en réalité des réactions adaptives et, par conséquent, des interprétations qui incorporent théories et préjugés, et qui, comme les théories, sont imprégnées d’attentes conjecturales ; qu’il ne saurait exister ni perception pure ni “donnée” pure ; tout comme il ne saurait exister de pur langage observationnel, puisque tous les langages sont imprégnés de théories et de mythes » (op. cit. p. 232). On ne trouve pas ses théories dans la nature autant que dans les archives de l'humanité, en l'occurrence dans ses vieux traités. La science naturelle engagée dans l'élaboration continue de théories et dans leur mise à l'épreuve est évolutive : la théorie de la relativité est provisoirement vraie et le restera tant qu'un nouveau phénomène ne viendra pas la réfuter en faveur d’une autre théorie collant mieux à la réalité telle que, ne cessant d'évoluer elle-même ( ?), elle se présente au chercheur évoluant lui-même. On ne parle plus de vérité mais de « degré de verisimilitude » : « L’idée de la vérité est absolutiste, mais il est impossible de prétendre à une certitude absolue : nous sommes des chercheurs de vérité, nous n’en sommes pas détenteurs » (K. Popper, « Les deux visages du sens commun », dans « La Connaissance objective », p. 102).