The Euro-Mediterranean Institute for Inter-Civilization Dialog (EMID) proposes to promote cultural and religious dialogue between Mediterranean civilisations ; to establish a network of specialists in inter-Mediterranean dialogue ; to encourage Euro-Mediterranean creativity ; to encourage exchange between Mediterranean societies ; to work to achieve Mediterranean conviviality ; to advise charitable organisations working around the Mediterranean and provide the support necessary to achieve their original projects.
NOTE DE LECTURE : ANDRE GIDE, SI LE GRAIN NE MEURT (1926)


Les mémoires de Gide retracent une enfance plutôt larvaire. Il est ballotté d’un lieu à l’autre, au point que son texte se présente comme le cadastre des propriétés entre lesquelles il a déménagé. La narration reste linéaire, d’une raideur bourgeoise et protestante, dissuadant toute pénétration psychologique. Une suite d’anecdotes plutôt qu’un récit, émaillée de beaux passages. Gide rencontre du mal à évoquer son enfance, ne retrouvant sa légendaire assurance littéraire qu’au sortir de l’adolescence. Dans une deuxième partie, Gide reconstitue le réveil de ses désirs homosexuels. Ses considérations ne contribuent pas à éclaircir le mystère de la question sexuelle : que détermine le désir dans un sens plutôt que dans un autre ? Que lui donne son inclination homosexuelle ou hétérosexuelle ? Que le prédispose à la domination ou à la soumission ? La psychanalyse bute lamentablement sur ces questions et échoue à démêler les écheveaux psychologiques des désirs.
Malgré sa volonté de ne rien omettre, Gide reste silencieux sur la naissance de sa vocation littéraire. Des études perturbées, souvent assurées par des percepteurs. Puis, du jour au lendemain, un premier livre l’introduit dans les cercles littéraires. Ses portraits aussi déçoivent. Mallarmé, un rien domestique ; Oscar Wilde, un maître débaucheur. Ces mémoires échouent à restituer une ambiance sinon un univers, en l’occurrence celle d’une classe puritaine, désemparée par la découverte de la sensualité. La Bible au cœur, Schopenhauer à la tête, Gide poursuit son désir sexuel en Tunisie et en Algérie où la clandestinité et l’exotisme autorisent toutes les étreintes sans rien entamer de l’impavide bonne conscience protestante. Le titre est tiré de l'Évangile selon Jean : « Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jean 12, 24). « L'enfant obtus », formaté par l'éducation puritaine et sévère de sa mère, doit mourir pour céder place au jeune homme épanoui et libre d'esprit. Le portrait qui se dégage de ces mémoires troublerait le plus indulgent des lecteurs. Tant de vantardise, alliée à tant de cynisme, laisse perplexe.