The Euro-Mediterranean Institute for Inter-Civilization Dialog (EMID) proposes to promote cultural and religious dialogue between Mediterranean civilisations ; to establish a network of specialists in inter-Mediterranean dialogue ; to encourage Euro-Mediterranean creativity ; to encourage exchange between Mediterranean societies ; to work to achieve Mediterranean conviviality ; to advise charitable organisations working around the Mediterranean and provide the support necessary to achieve their original projects.
NOTE DE LECTURE : BALZAC, GOBSECK (1830)


C’est un usurier implacable qui trouve son bonheur à la tournée de ses débiteurs, à visiter leurs intérieurs, s’assurer de l’accueil qu’ils lui réservent, du boniment qu’ils lui servent, et à éprouver ce contentement qu’il trouve à les dominer. Sans ascendance, quoiqu’on la devine juive, et sans réelle descendance, sans autre culte que celui de l’or qui lui garantit de pleins pouvoirs, sans autres relations qu’avec le quorum des dix autres usuriers avec lesquels il échange ses informations. Ensemble, tenant les bourses de tous ceux que menace le scandale, ils forment la meilleure agence de renseignements sur les mœurs mondaines de Paris. Gobseck se pose en arbitre des destinées : « Mon regard est comme celui de Dieu ; je vois dans les cœurs. Rien ne m’est caché. L’on ne refuse rien à qui lie et délie les cordons du sac. Je suis assez riche pour acheter les consciences. » Ce l'était avec les usuriers, ce l'est devenu avec les banquiers, ce le devient avec les barons prédateurs de l'industrie.
On devine, je ne sais pourquoi, Balzac derrière le personnage de Gobseck. Comme ce dernier, l’auteur est tout à son œuvre, au-delà des passions qui animent et perturbent le manège du monde, dans ses coulisses, ne montrant d’autre curiosité que celle qu’il met dans « la pénétration de tous les ressorts qui font mouvoir l’humanité ». Il devait être doué d’une rare pénétration psycho-sociale pour produire des phrases du genre : « C’est une de ces âmes tendres qui, ne connaissant pas la manière de tuer le chagrin, se laissent toujours tuer par lui. » La vie est un travail, un métier, qu’on doit prendre la peine d’apprendre et d’endurer.
Ce qui charme dans la Comédie humaine ce sont les retours d’un ouvrage à l’autre des mêmes personnages qui tiennent tour à tour le rôle principal dans le récit d’une passion, d’une ambition, d’une déchéance. Une série de livres indépendants où le lecteur est heureux d’entendre davantage sur l’un des personnages occultes à peine mentionnés ailleurs. Une vaste fresque dont on ne sait plus trop qui est la cheville ouvrière. Le talent de Balzac serait celui d’un grandiose producteur de livres promis à une immense consécration cinématographique.