The Euro-Mediterranean Institute for Inter-Civilization Dialog (EMID) proposes to promote cultural and religious dialogue between Mediterranean civilisations ; to establish a network of specialists in inter-Mediterranean dialogue ; to encourage Euro-Mediterranean creativity ; to encourage exchange between Mediterranean societies ; to work to achieve Mediterranean conviviality ; to advise charitable organisations working around the Mediterranean and provide the support necessary to achieve their original projects.
NOTE PHILOSOPHIQUE : LA PARTITION DE L’UNIVERS

J’ai beau me concentrer, je ne comprends pas les sciences quantiques/cosmologiques, d’autant que leurs allégations ne cessent de braver la compréhension, irrémédiablement accordée à l’univers galiléen-newtonien. Or le temps newtonien macroscopique n’est pas le temps à l’échelle quantique et/ou cosmologique – s’il en est un –, de même pour l’espace et la matière. Montaigne avait cette subtile remarque concernant l’être humain : « Le monde n'est qu’une perpétuelle balançoire ; toutes choses s’y balancent sans cesse : la terre, les rochers du Caucase, les pyramides d’Egypte – par un mouvement général, et par leur mouvement propre. La constance elle-même n’est en fait qu’un mouvement plus languissant. Je ne puis être sûr de mon objet d’étude : il avance en vacillant, en chancelant, comme sous l’effet d’une ivresse naturelle. Je le prends comme il est, au moment où je m’intéresse à lui. Je ne peins pas l’être, je peins la trace de son passage, […]. Et je dois toujours mettre mon histoire à jour. Il se peut que je change bientôt, non seulement à cause d’un coup du sort, mais intentionnellement : mon livre est le registre des événements divers et changeants, d’idées en suspens, et même à l’occasion contraires, soit que je sois moi-même un autre, soit que je traite mes sujets dans d’autres circonstances ou sous un angle différent » (« Essais » III, 2, 1). Cela vaudrait pour l’être en général et pour l’univers quantique/cosmologique en particulier. Dans tout cela, l’homme serait une ombre qui se perd dans le néant malgré ses prothèses technologiques qui contribuent davantage à sa perdition qu’à sa compréhension.
Cette dissonance – incontournable ? insurmontable ? inexpugnable – entre la compréhension humaine et la « réalité » dont traitent les sciences physiques/cosmologiques génère une nouvelle variété d’anthropomorphisme. Il ne s’agit pas tant de parler de Dieu que de la science naturelle en termes humains. Dans nos tentatives de comprendre les percées de la science, on reste attaché aux notions de la science mécanique classique, que ce soit l’espace, le mouvement, le temps, la matière, voire la conscience, qu’on décline inconsidérément pour saisir un univers dont on n’est sûr de rien. Prêter par exemple la conscience à l’on ne sait quoi c’est commettre l’erreur anthropomorphique par excellence, plus accablante qu’intéressante. Le trouble de l’interrogation insoluble ( ?) sur l’univers, son origine et sa composition se double des troubles anthropomorphiques des vulgarisateurs des sciences qui seraient, après les sophistes et les prédicateurs, les prochains candidats au titre de philosophes.
On ne s’est pas assez interrogé sur les rapports entre la théorie et la technologie. D’un côté, la théorie autorise la technologie ; de l’autre, la verisimilitude de la théorie est médiatisée par la technologie dont les prouesses représentent encore la preuve la plus éloquente parce que la plus pragmatique. C’est la technologie qui confirme ou infirme la théorie irrémédiablement spéculative ; c’est elle qui emporte l’adhésion. Elles sont dans une relation d’interdépendance et celle-ci s’accorde à l’imagination/fiction du chercheur se doublant d’un artiste. On est visiblement motivé par des ressorts esthétiques, servi par des dons poétiques, de l’intuition génératrice de thèses qui entrent dans une théorie à son accompagnement mathématique.
On serait en quête d’une partition fondamentale, on ne réussirait qu’à en proposer des exécutions. Dieu ne joue peut-être pas aux dés, il n’en jouerait pas moins d’un instrument dont on ne sait rien sinon les brouillons des exécutions de la partition fondamentale étayées d’observations somme toute aléatoires. Or ces exécutions sont avant et après tout mathématiques et toute tentative de les expliciter dans le langage humain reste pathétique pour ne pas dire incongrue. D’où la nécessité d’élaborer une doctrine de la correspondance entre l’univers humain et l’univers quantique/ontologique au sens où Bohr entendait ce terme. Or en l’absence d’une théorie générale de la science quantique/ cosmologique, dans une situation où l’on ne cesse de remanier les théories sans accéder à la partition fondamentale qu’on ne se risque pas à penser sans mobiliser Spinoza, qui attendrait ses ébauches mathématiques, on se condamne à l’embrouillamini philosophique ou se rabat sur la sophistique et le prêche.