SUR LES TRACES DE DIEU : LE BUISSON ARDENT

29 Sep 2021 SUR LES TRACES DE DIEU : LE BUISSON ARDENT
Posted by Author Ami Bouganim

Dans l’épisode du Buisson ardent (Exode 3, 1-16), Dieu se manifeste à Moïse dans un buisson ardent qui ne se consume pas. Quand celui-ci s’enquiert de son nom, Dieu répond : « Ehyeh asher Ehyeh » [Qui que je sois ?]. Il précise : « Voilà mon nom pour l'éternité, voilà mon nom de génération en génération. » Dieu s’en imposera comme l'indétermination par excellence, se dérobant à toute nomination, tout mythe, tout destin, tout dogme. Le génie du judaïsme biblique a consisté à interdire toute représentation de Dieu, autorisant les discours les plus divers sur sa nature et de non moins grandes variations sur son existence ou son inexistence. On n'a jamais fini d'en découdre avec un Dieu qu'on ne connaît ni ne peut connaître, l'assimilant indistinctement à la Nature, à l’Esprit, à l'Histoire, à la Vie, à la Volonté, au Bien.

Cette illustration, particulièrement éloquente, ne convainc pas sans berner et ne berne pas sans convaincre. Elle incite à s'illusionner. Absolument ; exclusivement ; totalement. C'est ce qui aiguise l’esprit des juifs, toujours en quête de Dieu ; c'est aussi ce qui l’embrouille, toujours en perte de Dieu. Le Dieu biblique n'« existe » pas à proprement parler et c'est ce qui autorise le prophète à se réclamer de son investiture et à se poser en son messager. Ce n'est pas davantage un hasard si dans le christianisme le Dieu biblique s'est incarné en l'homme et que le judaïsme a écarté cette incarnation – qui exalte l'homme, qu’il se réclame ou non de Dieu – comme hérétique. C’est dire que je judaïsme ne se présente pas comme un Humanisme sans présenter des harmoniques chrétiennes.

Photo : Marc Chagall, Moïse avec le Buisson Ardent (1966)