The Euro-Mediterranean Institute for Inter-Civilization Dialog (EMID) proposes to promote cultural and religious dialogue between Mediterranean civilisations ; to establish a network of specialists in inter-Mediterranean dialogue ; to encourage Euro-Mediterranean creativity ; to encourage exchange between Mediterranean societies ; to work to achieve Mediterranean conviviality ; to advise charitable organisations working around the Mediterranean and provide the support necessary to achieve their original projects.
CHRONIQUE DE MOGADOR : BOUDERBALA SISMOGRAPHE

… ce n’est de nouveau que Bouderbala, ramoneur digital de la mémoire ruminante, claviant ses litanies intérieures accompagné du correcteur qui le reprend en rouge lui interdit de nouveaux mots pour dire les choses qui n’ont pas été dites avant lui ne seront pas dites par un autre que lui, bridant les éclats que raille le silence intersidéral du néant noir où perce Dieu gît Bouderbala, c’est de nouveau moi marmonneur à ses heures perdues en quête de mots racolant les lecteurs pour m’assister dans cette traversée de l’espace digital, m’accueillir d’un sourire qui entrouvrait la phrase, me consentir l’aumône d’une lecture, de quelque côté de Dieu qu’ils se tiennent lisent dansent prient, qu’ils en soient des coursiers des prophètes des muezzins des bedeaux ou traînent comme moi dans son dos, attendant qu’il se retourne pour me révéler le nuage de ma poussière, partout et nulle part en moi hors de moi au ciel dans l'abîme sur terre sur mer dans le chahut dans le silence, l'éclair le tonnerre l'arc-en-ciel, la rose l'abeille la chenille, d’où éclora le papillon, absolument tout absolument rien, l'invisible où niche l'inconnu, la substance où tout nait meurt renait, le désert de sable qui nous soulève l'espace d'une vie que dure la caresse du vent, on ne connaîtrait Dieu qu'en le devenant, divinité philosophale convertissant la présence en âme, la matière noire en galaxies dans le creuset en abîme de la création, Dieu recouvre un mirage absolu et il n'est meilleure manière de le perpétuer qu'en s'assumant comme mirage, dans l'éblouissement entre le clair et l'obscur, c'est parce que Dieu est une illusion absolue que l'homme est une illusion éphémère, Bouderbala ne l'invoque que pour se préserver de l'homme en lui et hors de lui, sitôt qu'on arrête de le lire une prière vient à ses lèvres, il ferme les yeux bouche les oreilles, le temps de recouvrer son désert en Dieu et Dieu en son désert, Bouderbala ne distingue plus entre l’avant et l’après le haut et le bas le proche et le lointain le bon et le mauvais, Dieu est de bris en Bouderbala qui n'est plus qu'une loque abandonnée sur la piste qui mène à sa zaouïa, il n’en mise pas moins sa vie sur lui troque sa chair contre de la laine, il aura assez de l'éternité pour ruminer le non-sens, Bouderbala est désolé de revenir, il n'a pas assez écouté regardé senti, il n’a pas assez aimé l'araucaria compati à sa détresse pansé ses plaies, il ne s’est pas acquitté de toutes les caresses qu'il attendait de lui, il n'a pas pris le temps de calligraphier des versets sur ses nervures colmater ses rides gratter ses taches, Bouderbala qu’Allah prenne son âme en pitié est comblé d'avoir vécu en passager clandestin…
il ne revient que parce que la vitrine s’est brisée et que des éclats de verre se sont plantés dans sa chair calés dans ses yeux accumulés sur sa langue, les lézardes se sont déclarées dans les cœurs, les portes n’ouvrent plus que sur les gravats de rêves et de regrets, les murs ont perdu leur intimité, les escaliers mènent à l’abîme du deuil, je ne dis rien la terre a tout dit, elle a tremblé brisé la vitrine, dévoilant les coulisses enterrant le leurre sous les décombres, les maisons de pisé les toits de schiste, les cartes postales étaient de siècles s’étageant sur la montagne, je n’incrimine pas le makhzen j’incrimine le sismographe et il n’est d’autre sismographe que Bouderbala, de la sécheresse de la disette du péché, je ne sais plus qui est aux commandes de quoi, ne cherche plus à savoir qui est quoi, parce que les plumes ont déserté pour les lauriers des contrées où les oliviers invectivent les oiseaux migrateurs, celui-ci célèbre le sursaut civil celui-là la Vierge Marie celle-là la résilience, ils n’ont pas senti la terre trembler sous leur vie les vagues ruer contre les murailles les vitrines voler en éclats, les chiens n’ont pas aboyé les ânes brait les corbeaux croassé, les commentateurs ont resserré leur muselière, pour ne rien dire se trahir en rien, seul Bouderbala a repris sa rumination mais même lui ne se permet d’insinuer que parce qu’il se sait protégé par sa démence, il croit crier il se tait, d’un douar indemne à un douar en ruine, un chien muet à ses basques, il n’accuse pas la terre il accuse les poseurs de vitrines, leurs bonimenteurs de voyage, les touristes seront bientôt de retour pour enterrer les morts et récurer la vitrine, ce ne sont pas des dons ce sont des aumônes, prélevées sur les butins du commerce international, on ne rançonne plus les caravanes on pille les marchés, Bouderbala ne sait pas ce qu’il dit mais c’est le seul à le dire, se saisirait-on de lui qu’on devra l’interner pour lui retirer les éclats de verre de la bouche

