NOTE DE LECTURE : PIERRE LOTI, JERUSALEM (1895), LA GALILEE (1896)

25 Jan 2021 NOTE DE LECTURE : PIERRE LOTI, JERUSALEM (1895), LA GALILEE (1896)
Posted by Author Ami Bouganim

Loti retrace ses péripéties de voyage avec l’ennui d’un chroniqueur qui se passionne si peu pour ses visites et ses découvertes que le lecteur traîne derrière son texte. Il ne montre pas d’émotion touristique et reste d’une condescendance littéraire à dissuader de se lancer sur ses traces. Il ne voit du reste presque rien, probablement occupé à prendre des notes. Le plus irritant reste son insensibilité ethnologique. En France, Loti ne décelait que grandeur et lumière ; à l’étranger, que délabrement et décadence. Il ne se départ pas du ton funèbre, grave et solennel, qu'il prend pour revêtir les décors qu'il traverse et les scènes qu'il vit du linceul de son texte, proposant des oraisons en guise de journaux de voyage. Quand ce n'est pas mortuaire, c'est tellement onctueux qu'on se lasse vite du nectar et de la vase littéraires que sa plume produit. Dénué de toute indulgence anthropologique, il traverse les contrées sans même songer à se remettre en question.

La vocation de Loti serait celle d'un herboriste littéraire. Ne trouvant rien à dire, il ensevelit son silence sous les dorures de la nature. Ses phrases sont autant de branches alanguies, de ronces stériles, d'arbustes abrutis et de débris littéraires. On entend davantage les oiseaux gazouiller que les êtres parler.

Un chroniqueur des ruines desquelles il échoue à exhumer les récits.