The Euro-Mediterranean Institute for Inter-Civilization Dialog (EMID) proposes to promote cultural and religious dialogue between Mediterranean civilisations ; to establish a network of specialists in inter-Mediterranean dialogue ; to encourage Euro-Mediterranean creativity ; to encourage exchange between Mediterranean societies ; to work to achieve Mediterranean conviviality ; to advise charitable organisations working around the Mediterranean and provide the support necessary to achieve their original projects.
NOTES PHILOSOPHIQUES : LE TOURNIS DES MILLIARDS


C’est l’embrouille générale. L’espace et le temps. Le hasard et la nécessité. La matière visible et la matière noire. Le monde macroscopique et le monde microscopique. Le principe de verisimilitude et le principe d’incertitude. Tout est aléatoire et provisoire. Les constantes réclament leur remplacement par de nouvelles particules, celles-ci par de nouvelles entités. Un jour, l’univers se rétrécit, le lendemain, il s’étend. Depuis qu’on égrène avec autant de légèreté les milliards d’années, les milliardièmes de secondes et les milliards de galaxies – depuis qu’on a aboli le temps ? –, on n’a jamais émis autant de savantes lubies qui, pour se ranger sous l’astrophysique (l’astrologie, la cosmologie), ne sont pas moins aléatoires que les notions kabbalistiques. On en est à proposer de détruire les télescopes, d’investir les ressources allouées à la prospection de l’espace dans la sauvegarde de la terre et d’attendre la révélation d’un extraterrestre qui, pour avoir réussi à nous rendre visite, en saurait beaucoup plus que nous ne saurions attendre de nos recherches dans le siècle à venir.
Ce n’est pas parce qu’ils ont la tête dans les étoiles que les chercheurs doivent nous donner le tournis avec leurs milliards de tout et de rien. L’échelle astrophysique autorise les théories les plus farfelues comme celle du Big Bang rapiécée d’énergies sombres et de matières noires sinon de nouvelles constantes. Depuis qu’ils tentent de concilier leur échelle astrophysique, qui présente le mérite d’écarter tout anthropocentrisme, avec l’échelle de notre compréhension euclidienne, qui reste misérablement anthropocentrique, ils n’arrêtent pas de donner de vains shows de vulgarisation sur YouTube. Comme ils ne renonceront jamais à leur notoriété médiatique, on se contentera de leur déconseiller le recours au mot milliard. Ils n’en seraient que plus sages et surtout plus humains. On ne peut parler de milliards de planètes et de milliards d’années sans se perdre en milliards de mirages pour lesquels on trouve des indices qu’on interprétera de manière à confirmer le mirage postulé. Ce n’est pas l’inflation de l’univers, c’est celle du mirage astrophysique. L’homme peut expliquer le montage de ses télescopes, les mettre sur orbite, interpréter et colorier les clichés qu’il reçoit, il ne comprend pas pour autant ce qu’il dit. Parce qu’il persiste à expliciter des découvertes qui dépassent son entendement. Je veux bien considérer que la science est l’œuvre de l’homme, ce n’est pas une raison pour présumer qu’il la comprend. On ne sait plus ce qu’est la science et ce n’est pas le moindre drame de la philosophie.
On ne découvrira plus rien de sensationnel qui remettrait en question l’accélération de notre désorientation, tant au niveau microscopique que cosmologique. Maintenant que la science porte sur le néant, il n’est aucune raison pour que ses prochaines découvertes bouleversent la cosmogonie du milliard qui la domine. Dans ce contexte, l’homme ferait mieux de concentrer sa spéculation sur les mathématiques, de préserver la terre d’une dévastation irresponsable et de continuer à se débattre avec un Dieu dont il ne sait s’il existe ou non.