Une mer non-violente

La Méditerranée est un écrin de remous qui couvent sous l’écume des vagues et des balivernes. Ce sont ces remous que les prêcheurs de mirages politiques veulent réduire au silence. Plutôt que la paix qui n’abuse plus personne, parce qu’elle ne recouvre plus rien, privilégier la non-violence. La paix est battue en brèche par des accès de violence et des politiques d’exclusion. La Méditerranée est bel et bien une mer de discordes, de débats et de disputes et cette ambiance de chahut est source d’inspiration et de créativité. Plutôt que d’occulter cette discorde, enracinée dans les civilisations méditerranéennes, par et dans rhétoriques œcuméniques d’embaumement qui ne mènent pas à grand-chose, autant les provoquer, les arbitrer et en contenir la virulence. Ce ne sont pas tant les masses qui sont non-violentes que des individus et quand ceux-ci exercent un charisme sur les masses, celles-ci se laissent convaincre de l’efficace de la non-violence de masse. La non-violence réclame une pédagogie qui neutraliserait l’incitation internationale aux violences transnationales. Elle peut accéder au rang des tabous solidement enracinés dans toutes les civilisations comme la prohibition de l’inceste, la perpétuation généalogique, le secours médical, la charité, l’accompagnement des personnes âgées. La non-violence devrait être le premier article d’une charte méditerranéenne qui engagerait les civilisations qui bordent la Méditerranée autant que celles qui en sont sorties.