The Euro-Mediterranean Institute for Inter-Civilization Dialog (EMID) proposes to promote cultural and religious dialogue between Mediterranean civilisations ; to establish a network of specialists in inter-Mediterranean dialogue ; to encourage Euro-Mediterranean creativity ; to encourage exchange between Mediterranean societies ; to work to achieve Mediterranean conviviality ; to advise charitable organisations working around the Mediterranean and provide the support necessary to achieve their original projects.
Chronique tangéroise : L’Absence juive

A Tanger, les Juifs ne sont plus qu’un souvenir. Ils ont été là, ils sont partis. Ils ont laissé des vieillards à l’asile, une ou deux synagogues, un rabbin qui peine à trouver son quorum et un vieux cimetière, à l’entrée de la médina, au cœur de la cité, tournée vers la mer. Sous un vaste eucalyptus assisté de palmiers nains, les tombes blanches conservent l’allure digne et guindée de leurs morts. Elles sont gardées par un chien et des mouettes qui les caressent de leurs ailes. Certains noms sur les tombes comportent des particules de noblesse. J’emporte l’un d’eux pris au hasard, je ne sais rien du défunt, ne chercherai pas à savoir. Il aurait une résonance céphalonienne :
Isaac de Simon Castiel
Fallecio el 7 Nisan 5694
23 Marzo 1934
Samedi soir, le rabbin réussit à réunir un quorum de fidèles pour le service religieux. Ce sont des pèlerins. Ils viennent de Marseille, de Paris et de Madrid. Ils sont de la région. De Tanger, Tétouan, Ksar el Kebir, Larrache. Ils ont accompli le pèlerinage du saint d’Ouezzane. Certains auraient même une résidence dans cette ville. Depuis qu’ils ont quitté leur terreau natal, que ce soit pour la métropole coloniale ou la Terre promise, ils auraient troqué l’errance contre le pèlerinage. Ils courent les saints et les cimetières. En souvenir de leurs ancêtres, pour le bien être de leur postérité.
Les Noces juives de Delacroix conserveraient les traits des dames juives de Tanger, de bons et de mauvais livres leurs mœurs et leurs chroniques. Notre guide qui décèle tout de suite que nous sommes de cette tribu cherche à nous convaincre que le bleu et le blanc de la casbah viennent du… drapeau israélien. Il distingue entre trois courants : les ashkénazes, les séfarades et les… orthodoxes. Il parle de triplés nonagénaires qui habiteraient toujours la casbah. L’une serait aveugle, la deuxième traînerait le pied, la troisième resterait invisible : « Elle ne sort jamais. » Parlant du dernier Juif d’Asilah, Edmond Amram el-Maleh disait : « Plus aucun juif ne mourra dans cette blancheur. Plus aucun ne naîtra dans la gloire de cette lumière… »